En ce jour du Souvenir
11 Novembre 2009
... La guerre met en jeu toutes les passions de l'homme, et ceux qui consentent à mourir, bouleversent quand même les âmes. Les philosophes paisibles, les poètes enfermés dans leur tour d'ivoire, les gens pacifiques comme moi, les écrivains qui croient à la supériorité de la plume sur l'épée, qui sont convaincus que la civilisation ne se fait pas à coups de sabre, mais à coups de livres, en un mot, les gens d'études, sont eux-mêmes pris aux entrailles quand ils lisent un récit de bataille. Nous avons beau être des rêveurs aspirant à la paix universelle, des apôtres enseignant la fraternité de tous les peuples, il y a quand même dans notre sang une sorte d'atavisme qui nous bouleverse et nous soulève dès qu'une guerre nouvelle éclate et nous fait délirer à l'idée d'un peuple qui se rue sur un autre, qui le bat, qui triomphe parmi les cadavres, en agitant des drapeaux. Nous réprouvons tout cela, nous trouvons que c'est un retour à la barbarie, que l'humanité doit marcher vers une cité future de paix et de bonté, et cependant, je le répète, je suis bien forcé de constater que nous avons dans notre sang ce vieil atavisme guerrier qui nous fait quand même applaudir les vainqueurs, même quand ils ont tort. ....
Émile Zola
Sur la guerre, (extrait) 1899
Oeuvres complètes d'Émile Zola
Cercle du Livre Précieux (Claude Tchou) 1969
Tome XIV
Chroniques et Polémiques II
Nouvelle Campagne page 849
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